La terre en héritage
Soumaïla Moeva a quitté Marseille pour revenir sur Grande-Terre. Ce trentenaire s’implique dans le mouvement des Jeunes Agriculteurs, à Mayotte et au niveau national.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
En novembre 2014, quand Soumaïla Moeva revient à Mayotte, il s’achète une machette et défriche : « J’ai commencé à entretenir les plantations de mangues, litchis, bananes, mandarine, ananas… dont plus personne ne s’occupait depuis la mort de mon grand-père Abdou Mohamed Lihadji. J’ai trouvé cela tellement beau, que ça a ouvert quelque chose en moi, et j’ai décidé de m’occuper des terres familiales », raconte le jeune agriculteur, qui a quitté sa vie marseillaise de chef d’équipe des services de sécurité incendie et d'assistance à personnes.
Soumaïla Moeva est mahorais. Il a grandi sur l’île de la Réunion, puis dans les Bouches-du-Rhône, et rentrait de temps à autre à Mayotte pour des vacances. Il ne manquait pas de visiter papa Abdou, son aïeul : « Il me transmettait la paix intérieure qu’apporte une vie simple et humble. Il croyait au travail, et me disait qu’avoir une terre pour vivre devient de plus en plus rare. » Le grand-père avait 19,5 ha, comprenant un jardin mahorais (productions vivrières de fruits, patates douces et manioc), 3 ha de café, 2 ha de vanille et 8 ha d’ylang-ylang. L’huile essentielle de cette fleur, au parfum envoûtant, est très recherchée par les parfumeurs.
Structurer la filière d’ylang
Le petit-fils entend le message d’Abdou et prend sa suite après un BPREA obtenu à La Réunion. Soumaïla qui s’exprime avec aisance s’implique auprès des JA, est élu président du groupe de Mayotte et est administrateur au conseil national (2018-2022). Il fédère ses collègues pour accompagner les filières du maraîchage, du lait et de la volaille. Il veut structurer celle d’ylang-ylang qui regroupe 70 à 80 producteurs et environ 100 ha. « Pour valoriser ce produit de niche, d’une qualité exceptionnelle, nous recherchons des clients, et visons les labels IGP, bio, Commerce équitable ou encore Made in France. » 700 000 euros d’investissement sont nécessaires pour créer une distillerie moderne. Les agriculteurs mahorais font face à la difficulté de monter et financer leurs projets, d’accéder à l’eau potable, et aux vols des productions…
Pour accéder à l'ensembles nos offres :